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  3. Nr. 506

Wilhelm von Humboldt an John Pickering, 12.03.1822

|1| Monsieur,

Je ne saurois Vous exprimer, Monsieur, quel plaisir Vous m’avez fait par Votre lettre intéressante du 24. Aout dernier, & par les pièces instructivesqui accompagnoient cette lettre. Les notices que Vous m’y donnez, m’ont servi |sic| à rectifier & à completer les notions que nous avons des langages dont Vous faites mention, & toutes sont de la plus grande importance pour quelqu’un qui, ainsi que moi, s’occupe de langues qui sont parlées à une distance si immense de lui. Vous avez vraîment tort, Monsieur, & Vous pêchez, si j’ose dire, par un excès de modestie en ne pas attachant plus de prix aux fruits que nous recueillons déjà des Vos soins, & de ceux de Vos compatriotes. Ce qui s’est fait dans ces dernières années dans les Etats Unis pour l’examen & la connoissance des idiômes Indiens est, on ne peut pas plus considérable, & a d’autant plus de prix, que puisque Vous avez suivi dans Votre marche de justes principes, & y avez été guidé par la connoissance générale des langues & de la Grammaire. Depuis l’expulsion des Exjesuites de l’Amérique rien de bien important ne s’est fait pour la connoissance des langues Indiennes dans les possessions Espagnoles & Portugaises de l’Amérique, & les écrits des Jésuites Missionnaires nous font regretter à chaque page que ces Pères avoient les idées les plus bornés sur les langues en général, |2| & que voulant tout réduire aux formes et aux regles de la langue Latine, ils ne nous montrent guères les Idiomes Indiens dans leur forme individuelle & particulière.

Vous, Monsieur, & M.r Du Ponceau avez adopté le grand principe de ne Vous en tenir qu’aux faits seulement, & en poursuivant cette route, Vous ne manquerez pas de faire les progrès les plus rapides. Nous autres en Europe ne pouvons que classer les matériaux qui Vous nous fournissez, les comparer à d’autres langues, & en tirer des inductions. Le difficile est de fournir les matériaux, & voilà à quoi Vous travaillez avec le plus grand succès dans le moment présent.

La marche que Vous suivez d’après Votre lettre me semble excellente. Vous publiez les manuscrits que Vous possédez, Vous faites réimprimer les ouvrages qui sont devenûs rares, Vous interrogez enfin la nature elle-même en réunissant dans Votre excellent établissement de Cornwall des enfans de différentes nations. Soyez aussi bien persuadé que Vous ne sauriez mettre trop d’empressement, ni attacher trop d’importance à cette étude. J’ose avancer hardiment qu’aucun des autres continens n’est aussi intéressant sous le rapport des recherches sur l’histoire des différens idiomes, & sur la formation du langage que l’Amérique. Aucun des autres continens n’offre une si grande variété de langues, & celles qu’on parle dans les autres, ont déjà subi pour la plûpart les effèts de la civilisation. L’Afrique où cela est moins le cas qu’en Asie & en Europe, n’est malheureusement pas assez co*****e. connue.

La recherche, que Vous avez faite, Monsieur, à l’éstablissement de Cornwall sur le point important, si les Indiens se servent des mots abstraits de père, mère cet. m’a extrêmement ravi. C’est une des idées les plus ingénieuses que d’entrer ainsi dans le vé-|3|ritable génie de ces idiômes. Il me semble prouvé par les perquisitions qui Vous avez faites, que les Indiens ne détachent guères les noms substantifs des pronoms personnels possessifs, et que si le nom n’est pas, d’après le sens de la phrase, accompagné d’une<d’un> pronom déterminé, ils y en ajoutent un indéterminé, c’est à dire que s’ils n’ont pas à exprimer mon père, ton père, son père, ils pensent néanmoins le père de quelqu’un. J’oserois cependant dire, que cette impossibilité d’exprimer le substantif sans relation à une personne n’est pas autant inhérente à la langue, qu’à la nation qui la parle, dans son étât actuel, & c’est ainsi que je crois qu’il faut s’expliquer la différence d’opinion sur ce point entre Mr Heckewelder, & les enfans que Vous avez consulté. M.r Heckewelder est étranger, il juge de la langue, comme d’un idiôme en lui même, abstraction faite de la nation, & il ne voit pas de difficulté à dire père en abstrait. Le mot existe, on n’a qu’a en ôter le pronom. Mais la nation n’a pas été habituée jusqu’ici à détacher une de ces idées de l’autre, elle pourroit l’être dans la suite des temps, elle le seroit peut-être, & pour lors cette singularité disparoitroit de la langue. Mais sur quoi je suis douteux encore, c’est de savoir si le mot Lenni-Lenape, ooch, possède un préfixe qui exprime le pronom de la 3. personne du singulier, & si ce préfixe est l’o initial, ou si la nation ajoute l’idée du pronom, sans qu’il soit exprimé dans le mot même. Dans ce dernier cas M.r Heckewelder auroit raison de dire que ooch est simplement père tandisque n-ooch est visiblement mon-père, & son tort consisteroit uniquement dans ce qu’il n’auroit pas observé que les Indigènes ajoutent toujour à ce mot l’idée de celui dont quelqu’un est père. Il est indubitable que les deux cas existent dans les langues Américaines, celui que chaque substantif est lié de lui même constamment à un au pronom de la 3. pers. du singulier, si le sens n’exige pas un autre pronom possessif, & celui que |4| le substantif porte avec lui dans sa forme primitive l’idée de ce pronom de sorte qu’on n’a pas besoin de l’ajouter, même quand il seroit essentiel pour le sens de l’exprimer. Je n’ai pas besoin de citer un exemple du premier de ces cas. Votre lettre en renferme un de la langue des Choktaws. Mais le second de ces cas existe dans la langue des Maypures. Nu-java, veut dire ma hâche, & javà seul sa hache. Il y a cependant dans cette langue une manière de dire la hâche sans autre idée relative; il faut pour lors ajouter à la fin du mot le suffixe ti; javati, la hache. La même chose existe en quelque façon dans la langue Mexicaine. Les pronoms possessifs s’y expriment également par des Préfixes et lorsque ces préfixes s’attachent aux substantifs ces derniers subissent pour la plûpart un changement. Ceux qui finissent en tli perdent cette syllabe. Nan-tli signifie la mère; si l’on veut dire la mère de quelqu’un, car les Mexicains possèdent un pronom possessif indéterminé, on ajoute te, ôte tli et dit te-nan. Ce rapprochement entre une langue sur le Golfe du Mexique & d’une sur l’Orénoque est tout curieux que celui très-intéressant entre les mots d’ Inca & Ingka. Je dois cependant avouer que j’ai observé d’ailleurs une grande différence entre les langues de l’Amérique méridionale & celles qu’on parle dans la Nouvelle Espagne, celles que les premières, surtout celles de l’Orénoque ne font presque pas du tout usage de la réduplication des syllabes qui est si fréquente dans les dernières. Mais pour en revenir sur au pronom possessiv |sic|, il est visible qu’il existe des différences très-visibles<très-marquées> sur ce point dans les différentes langues Américaines. Je trouve |qu’on a| déjà observé avant moi que ce sont surtout les langues de l’Orénoque qui ne se servent presque jamais des substantifs abstraits. Sans avoir égard pour ces différences, on peut, je crois, sans risquer de se tromper, supposer qu’il est en général dans l’esprit des |5| nations Americaines de réunir l’idée de la personne à celle des choses, & de particulariser, autant que possible, toutes les idées, de ne pas dire seulement que quelqu’un est père, mais d’ajouter toujours de qui il est père.

C’est sans doute de là que vient la coutûme de faire des noms p pronoms possessifs, tandisque nous en formons des mots détachés. L’habitude de joindre ces mots aux substantifs en a fait un même mot. La même chose est arrivée dans la langue Latine & Grecque aux Verbes, puisque le verbe par sa nature même ne sauroit être détaché de l’idée de la personne. Dans les langues Américaines le pronom est, selon moi, la partie du discours la plus essentielle. Il se divise ordinairement en deux grandes branches, dont l’une est destinée aux noms, l’autre aux Verbes, & la précision, & la clarté de la langue dépend beaucoup de la manière plus ou moins précise dont les différentes espèces de Pronoms sont classées. La langue Mexicaine possède de grands avantages sous ce rapport.

L’habitude de réunir grammaticalement des idées que nous séparons, s’étend encore sur d’autres cas. M.r Edwards observe dans son mémoire sur le langage des Mohegans que je dois à Vos bontés, que cette nation n’a point d’Adjectifs, mais qu’elle les exprime par des verbes neutres. Cela veut dire en d’autres mots qu’elle ne se représente point les adjectifs |comme| abstraitement pris, mais comme inhérents à telle ou telle personne. J’ai trouvé la même chose d’une manière différente aussi dans d’autres langues Américaines.

C’est par ces raisons qu’il faut bien avoir attention en formant des vocabulaires Américains de ne pas prendre des mots composés pour des mots simples. M.r Duponceau a très-ingénieusement découvert l’erreur par laquelle l’auteur du Mithridates |6| a pris pour deux mots de différentes langues le même mot composé avec deux pronoms différens, et nos vocabulaires fourmillent certainement encore de fautes pareilles. Vous ne sauriez assez ces recommander à ceux qui traitent avec les Indigènes d’approfondir, autant que possible, le sens de chaque mot, & si cela peut se faire, de chaque syllabe en particulier, & de ne pas noter la phrase entière avec sa traduction, mais la traduction de chaque mot, en rapportant par des chiffres chaques mot à celui auquel |sic| il correspond. Je regrette p.e. que le Surintendant de l’école de Cornwall ne Vous ait marqué les sens précis de chaque mot de la phrase Adam quo-nut-tuk moo-mah Ingka yut-tuk à moins qu’il n’ait sçu que Vous le connoissiez déjà. J’ai été frappé de ce que Ingka doit être uni avec le pronom de la 3. pers. du singulier. L’Anglois of all men exigeroit celui du pluriel. Peut-être la langue des Choktaw se sert-elle d’un collectif pour exprimer le même sens.

Cette habitude de réunir des idées qui devroient être séparées, fait naître quelquefois de la confusion, & de l’obscurité dans le langage. Dans la langue du Brésil xer-uba p.e. signifie mon père, & j’ai un père.

Le grand problême dans l’étude des langues consiste toujours à se procurer une idée claire & précise de leur organisation primitive, & pour y parvenir, il faut surtout avoir constamment deux choses devant les yeux.

La première est qu’il faut exactement se rendre compte de quelle manière & par l’emploi de quelle partie du discours une langue a coutûme de rendre telle, ou telle des différentes formes grammaticales. Car il ne faut pas s’imaginer que p.e. le Conjonctif, l’Infinitif cet. soit formé de la même manière dans toutes les langues. Si l’on suit en cela les Jesuites Grammairiens des idiômes |7| Américains, on risque de tomber dans les erreurs les plus grossières. Permettez-moi de citer quelques exemples pour devenir plus clair. Dans la langue des Caribes a-veiri-daco doit être la 2. personne de l’Imparfait du subjonctif. Mais il est clair que ces trois parties du mot que j’ai séparées, expriment plutôt un gérondif; a est le pronom possessif de la 2. personne du singulier, veiri est ce qu’on peut nommer un infinitif, la forme primitive du verbe être, daco est une particule qui désigne une certaine époque. Ornacono-daco veut dire au troisième jour. Le mot cité veut donc dire à l’époque de ton être. Cela convient en effèt avec le sens du Conjonctif: si tu étois, mais la forme Grammaticale est entièrement différente, & la dénomination de Conjonctif en donne une idée entièrement fausse. Le Conjonctif se forme d’une manière entièrement analogue aussi dans d’autres langues Américaines, en sorte que sa syllabe caracteristique est une particule qui veut dire à l’époque, quand, ou sim lorsque, or simplement la préposition dans, en. L’Infinitif est dans plusieurs langues un simple nom verbal, dans la langue Mexicaine le futur placé d’une certaine manière auprès du verbe qui régit l’Infinitif, en fait les fonctions, dans la langue Lule on laisse, pour exprimer l’Infinitif, se suivre simplement le présent du verbum regens & rectum; caic tucuec j’ai coutûme de manger, mais proprement mot à mot; je mange, j’ai coutûme. Dans cette même langue on cite comme participe du Passif: a{{1.}}-le{{2.}}-tipan{{3.}}[a], fabriqué de terre, mais le sens verbal est: de{{1.}} – terre{{2.}} – ils fabriquent{{3.}}. Tipan est la 3. personne du pluriel du présent du verbe dont tic est la 1. du singulier.

Avant que de n’avoir de cette manière réduit les soi-disantes dénominations des formes Grammaticales à la véritable valeur qu’elles ont dans la langue de laquelle on traite, il est entièrement impossible de se former une idée nette de son organisation. |8| La grammaire générale établit de certaines formes générales pour composer les phrases du discours; substantifs, adjectifs, verbes cet. Il faut nécessairement qu’il existe dans chaque langue quelquechose qui réponde à ces formes d’une manière plus ou moins exacte. Mais chaque langue peut se servir d’une manière particulière pour les exprimer. Si pour lors on n’a point égard à ces différences, si on les désigne toutes par les mêmes noms généraux, les nuances qui caractérisent les différentes langues, disparoissent, et toutes ne semblent avoir qu’une même grammaire. Or l’étude comparative des langues exige qu’on saisisse précisément ce qui leur est propre à chacune, ce qui forme son caractère particulier.

La seconde chose à laquelle je tiens beaucoup en travaillant sur une langue quelconque, c’est de l’analyser autant qu’il est possible dans ces premiers élémens. Ce travail se divise en deux parties. Il faut d’abord séparer le corps du mot de ses affixes, & ces derniers d’entr’eux, il faut ensuite tâcher de découvrir la signification primitive de chacun de ces affixes. Car il est indubitable, que tous les affixes ont été autrefois des mots séparés & distincts & ayant un sens en eux mêmes. Il seroit inutile d’en citer les nombreux exemples qui se trouvent dans les langues Américaines. Il s’entend cependant de soi même qu’il y a aussi un bien plus grand nombre d’affixes encore, dont on chercheroit envain la signification primitive. Il faut aussi bien se garder pour cette raison de poursuivre cette partie de l’Analyse trop loin & au delà du point, où l’on peut parvenir à des résultats de fait, sans se livrer à des conjectures. La subdivi La séparation du corps du mot & des Affixes réussit ordinairement dans les langues Américaines avec une grande facilité. Car on pour-|9|roit presque dire que les nations Américaines ne se servent pas de formes qui existent déjà toutes faites dans le langage, mais qu’elles les composent à chaque moment, selon le besoin, des mots primitifs, des pronoms, & de particules. Tant l’union est peu visible & peu ferme. Il y a néanmoins une grande différence parmi les langues Américaines aussi à cet égard, et il seroit superflû d’observer qu’aussi dans nos langues civilisées on s’apperçoit très-souvent de la manière dont les élémens des mots ont été réunis.

Tout le travail dont j’ai fait mention ici, est grammatical; mais il doit précéder, à ce qu’il me paroit, la formation définitive des Vocabulaires & des Dictionnaires. Car ceux-ci doivent renfermer les mots simples, ou rendre raison des mots composés. Ils supposent pour cette raison une analyse déjà toute faite.

C’est pour cette raison que je compte commencer l’ouvrage que je me propose de faire sur les langues Américaines, par l** l’examen de leur Grammaire. J’ai composé d’après le systême que j’ai pris la liberté de Vous exposer ici, Monsieur, des Grammaires de la plupart des langues dont je possède des matériaux suffisans. J’ai formé surtout celles des langues de la Nouvelle Espagne, & de la plupart de celles de l’Amérique Méridionale. Je m’occuperai àprésent incessamment de celles qui me restent encore à faire. Ayant examiné de cette manière chacun de ces différens idiômes en particulier, je compte en former un tableau général, passer en revue la grammaire entière, & montrer de quelle manière chaque langue traite chaque partie du discours, de sorte que l’on pourra trouver dans ce travail toutes les nuances dans lesquelles l’organisation des langues Américaines est différente entr’elle même, & toutes les variétés qu’elle offre. Cela sera non seulement utile pour résoudre la question: de quelle manière l’homme |10| en général parvient à former la Grammaire? mais facilitera aussi la comparaison des langues du nouveau continent avec celles des autres qui sera naturellement plus aisée lorsque tous les traits qui caractérisent ces langues, auront été réunis sous un même point de vue. D’un autre côté on reconnoîtra aussi de par cette méthode quelle analogie existe entre les différens idiômes de l’Amérique elle-même, & s’il est vrai que ces idiômes portent tous un même caractère. Si les circonstances le permettent, je ferai pourtant imprimer après ce mémoire général aussi les grammaires particulières sur lesquelles il sera basé. Car il est pourtant nécessaire de présenter aussi chaque langue dans l’ensemble qu’elle forme. Voilà le plan sur lequel je travaille. Il seroit très-vaste, si l’on considère l’immensité des langues Américaines, mais il ne semble point excéder les forces d’un individu accoutumé à un travail assidû, si l’on fait reflexion que le nombre des matériaux, au delà desquels il est impossible d’aller, n’est que très-rétréci.

Vous faites mention du Dualis des langues Américaines. M.r Du Ponceau avoit élevé des doutes sur son existence. Mais elle est évidente dans quelques langages. La langue Totonaque se sert du Dualis pour désigner tous les objèts qui par leur nature sont doubles, telle q tels que les yeux, les oreilles, les mains. Ces objèts n’ont pas d’autre Pluriel, & ce Dualis ne peut pas s’appliquer à d’autres objets, comme à deux hommes, chevaux cet. C’est donc exactement un Pluriel particulier pour les objèts doubles, et il est probable que dans toutes les langues l’origine du Dualis a été le même. Car il n’y a d’ailleurs pas de raison pourquoi l’on devroit avoir un pluriel particulier pour le nombre deux, & non pas pour trois, quatre cet. Il est remarquable encore que le mot |11| étoile, tzaco, en Totonaque se sert de ce pluriel particulier. Cela paroit prouver qu’originairement ce mot ne s’employoit que pour désigner les deux grands astres du ciel, le soleil & la lune.

Mais c’est bien abuser de la permission que Vous voulez bien me donner de Vous écrire, Monsieur, que de traiter aussi longuement des questions générales, au lieu de Vous remercier des pièces intéressantes dont Vous avez enrichi ma collection de matériaux Américains. Vous m’avez rendû en effét un très-grand service par là qui excite toute ma reconnaissance dont je Vous prie d’agréer l’expression.

L’envoi de M.r Du Ponceau ne m’est pas parvenû encore. Mais je possède par un autre canal l’Archaeologia Americana qui est un livre très-éstimable & très-instructif. Je desire surtout recevoir bientôt la Grammaire de M.r Zeisberger. Car c’est surtout sur cette partie de l’Amérique qu’on manque encore de grammaires détaillées.

Je Vous prie, Monsieur, de témoigner à M.r Jarvis toute ma reconnoissance de l’envoi de son excellent discours. J’<y> ai été, on ne peut pas plus, sensible.

La réimpression du livre d’Eliot, & la publication du manuscrit de Cotton seront d’une très-grande utilité. Outre l’instruction qu’on en retirera, il sera encore, ainsi que Vous l’observez très-justicieusement, Monsieur, curieux de voir, si les langues sur lesquelles ils ont écrit, ont subi de grands changemens, ou si elles sont restées à peu près les mêmes. Je suis entièrement de Votre avis que les langues q des Sauvages sont moins sujettes à des innovations, que les langues civilisées, & ce qui Vous dites de la réaction de l’Orthographe sur la prononciation est aussi neuf, qu’ingénieux. Cela est certainement vrai, & pourroit se prouver par plusieurs de nos langues, & je ne me souviens point qu’un |12| autre ait déjà fait la même observation.

La publication du dictionnaire du Père Rale seroit d’une plus grande importance encore, & je ne puis que Vous engager le plus fortement possible de faire tout ce qui dépend de Vous pour qu’elle ait lieu. Comme, |pour| autant que je m’en souvienne, on se sait presque rien de la langue des Abnakis, ce seroit nous enrichir d’un idiôme de plus, & sauver celui-ci d’un oubli éternel, auquel il seroit, sans cette publication, probablement condamné. L’échantillon que Vous avez eû la bonté de me communiquer, Monsieur, m’a donné une excellente idée de l’ensemble de l’ouvrage. Mais j’oserois Vous donner un conseil par rapport à la publication. Je suppose d’abord que Vous la ferez en François, & sans altérer le Manuscrit. Mais ensuite, comme les mots sont classés de manière, que le mot François est le premier, & que la série Alphabétique suit les mots François, il seroit absolument nécessaire d’y ajouter une partie Abnaki-Françoise. Sie Vous croyiez rendre par là l’impression trop couteuse, Vous pourriez donner à chaque mot François traduit en Abnaki un chiffre, & ne mettre par lors dans la seconde partie que le mot Abnaki avec le Chiffre du mot François qui en donne l’explication. Mais il faudroit dans ce cas bien soigneusement se garder de fautes d’impression. Les dictionnaires des langues étrangères qui ne sont pas classés d’après la série Alphabétique des mots étrangers mêmes, sont d’une bien petite utilité pour l’étude des langues. Comme tous les mots de cette dernière<y> sont dispersés d’après la s l’ordre alphabétique d’un autre idiôme, on n’y reconnoit plus les familles, ni les compositions, & la première chose qu’il faut faire, en voulant travailler sur un tel dictionnaire, c’est de le retourner pour ainsi |13| dire. Voilà ce que j’ai fait moi même dans plusieurs cas. J’ai aussi rédigé ainsi un dictionnaire dans lequel j’ai distribué les différentes paroles Indiennes qui se trouvent éparses dans Barton, Hervas, Mithridates, le Voyage de mon frère cet. d’après les langues auxquelles elles appartiennent, & en ordre alphabétique dans chacune. Je possède par là une espèce de Glossaire Américain & peut voir dans un instant quels mots on connoit de tel ou tel idiôme dont on ne possède pas un dictionnaire, ou vocabulaire entier. Comme à chaque mot le livre duquel il est pris, il est aisé de cette manière d’aller à la recherche s’il est bien, ou mal posé. Car Vous n’ignorez pas, que plusieurs des ouvrages que je viens de citer, renferment des erreurs. Hervas surtout en fourmille. Les mots que Vous avez bien voulû me fournir, Monsieur, pour completter Barton, m’ont été fort intéressans aussi sous ce rapport. Je dois dire la même chose du Manuscrit d’Edwards dont j’ai déjà tiré partie, ainsi que Vous voyez par la citation que j’en faite dans cette lettre même.

Il me reste à Vous parler, Monsieur, sur Votre plan d’une orthographe uniforme pour les langues Américaines. J’ai lû & relû Votre mémoire avec la plus scrupuleuse attention, j’ai réfléchi mûrement sur son contenû, & je me flatte que Vous voudrez bien me permettre de Vous dire mon opinion sur Votre idée, sans craindre de rendre encore plus longue ma lettre qui par sa prolixité réclame déjà Votre indulgence amicale.

Rien ne seroit aussi important que de se servir d’une même orthographe pour écrire sur les langues Indiennes. Mais comme il est à prévoir que cela ne pourra être obtenû que dans bien du tems d’ici, & que Vous visez très-sagement partout à ce qui peut devenir utile dans l’exécution, tout à quoi on pourra atteindre àprésent, |14| sera de porter l’attention, autant que possible sur la juste prononciation de ces Idiomes, & de jetter, ainsi que Vous l’avez fait, les bases d’une orthographe plus exacte.

Il y a évidemment deux méthodes pour déterminer les sons de langages peu connûs. L’une, entièrement scientifique, seroit de déterminer avec précision la manière de laquelle les sons se forment par les organes, & de déterminer par là, pour ainsi dire, le nombre des sons possibles. Si l’on possédoit une pareille échelle des sons, il seroit plus aisé de dire quel est le point qu’y occupe un son encore inconnû. Mais jusqu’ici un pareil travail n’existe point, quoiqu’on ait fait bien des essais à cet égard. Je doute aussi qu’il soit possible de le faire de manière a |sic| pouvoir, pour ainsi dire, décrire le son par des paroles sans le proférer, & être néanmoins entendû. Il est à savoir encore, quand même une pareille théorie existoit, s’il seroit aisé de s’en servir, ou si cela même n’exigeroit |point| une finesse peu commune d’ouie & de prononciation, & une étude & une pratique très-suivie. Vous avez donc parfaitement bien fait d’abandonner cette route.

La seconde méthode est de fixer les différens sons connûs jusqu’ici d’après des exemples tirés des différentes langues déjà connues. Cette méthode est évidemment plus facile, mais elle a aussi le grand inconvénient qu’à peine un ou deux individus ont une connoissance exacte de la prononciation de quatre ou cinq langues étrangères, qu’ils n’en saississent au moins pas les nuances fines & délicates, & que de cette manière il peut naître des erreurs très-graves. Il n’est donc jamais à désirer qu’un écrivain entreprenne de fixer un son encore inconnû d’après un son d’une langue qui n’est pas la sienne.

Si donc les deux méthodes mentionées ici offrent de graves inconvéniens & sont inexécutables dès qu’on exige une très-grande exacti-|15|tude, il résulte de là qu’il n’existe point encore une échelle de sons qui seroit générale & à laquelle toutes les langues pourroient être comparées, & que par conséquent l’Uniformité de l’Orthographe manque encore d’une base entièrement solide.

Pour éviter par conséquent toute erreur le plus sage me paroit, ainsi que Vous le proposez, de fixer les sons de la langue Indienne de laquelle on traite, d’après la sienne propre, de déterminer le nombre de sons, & de fixer chacun de ses sons d’après un d’un mot déterminé de sa propre langue, & de rendre exactement compte de la marche tenue à cet égard. Quant aux sons qui n’existent pas dans la langue de l’Auteur, il ne reste enfin que de dire de quels sons de cette langue ils se rapprochent, ou de les comparer pourtant à un son d’une langue étrangère, ou enfin d’en décrire la formation. Mais cette dernière méthode est la moins bonne. Car une pareille déscription est toujours vague & peu claire autant qu’on manque d’une théorie exacte qui embrasseroit l’universalité des sons. Quant au rapprochement des différens sons entr’eux ce que Vous avez observé p. 37. est aussi ingénieux, qu’utile.

En suivant cette route on tombe toujours dans l’inconvénient que la langue inconnue a été décrite d’après une autre langue particulière, & non pas d’après une échelle de sons générale placés au centre de toutes les langues, & qu’il est nécessaire de connoitre la prononciation de la langue de chaque auteur qui traite des langues Indiennes, pour en apprendre la prononciation. Mais il sera impossible de rémédier à cet inconvénient. Il est plus essentiel de se mettre en garde contre l’erreur que de faciliter l’étude, & les comparaisons des sons ne seront exactes qu’autant que ceux qui les forment, s’en tiennent à leurs langues maternelles.

Tout ce que je viens de dire regarde les sons mêmes. Quand même chaque auteur ne compareroit ces sons qu’aux mots de sa langue, il pourroit néanmoins adopter l’orthographe que Vous proposez et écrire p. e. le j de judge par dsh cet. et il en résulteroit certainement un |16| grand avantage. Il s’y trouve cependant aussi des inconvéniens considérables. Le premier est qu’un grand nombre de sons doit être rendû par deux ou trois lettres. Il peut résulter de là de la confusion, si les une de ces mêmes lettres suit immédiatement dans le mot étranger & que le lecteur devient douteux, si cette lettre exprime un son en elle même, ou |si elle| appartient au |mot| précédent. Si p. e. un mot a-za s’écrit atsa il n’y a plus moyen de voir si les deux consonnes appartiennent à une même ou à deux syllabes. Puis ces nouveaux signes induiroient facilement à comprendre sous un même signe des sons de nature un peu différente ce qu’il faut néanmoins éviter. Le ch Allemand p. e. diffère assez sensiblement dans sa prononciation des j, g, & x Espagnol, puisqu’il est moins guttural. En se servant pour ces différens sons du seul kh, on perdra infailliblement cette nuance qui est si importante que les lettres citées donnent à la langue Espagnole entière une prononciation très-gutturale qui n’existe pas dans la nôtre. L’inconvénient sera donc toujours de devoir ou |sic| adopter un même signe pour différens sons, ou de ** devoir multiplier les signes ce qui est, comme Vous l’observez très-bien, très-difficile & presqu’ impraticable. Dans la pratique actuelle on évite cet inconvénient, puisqu’en se servant des mêmes signes dans différens sons, on en indique la valeur. Enfin il naîtroit de l’adoption des nouveaux signes pour le moment un assez grand embarras, puisque chacun de ces signes rappelle des sons qu’il a dans telle ou telle langue, & qu’il ne doit pas représenter ici. Mais cet inconvénient disparaitroit en peu de temps. Les signes que Vous proposez, sont au fond un alphabet général. Or cet un pareil |alphabet| suppose nécessairement une échelle générale des sons, et il doit être imparfait aussi long-tems que celle-ci nous manque. Je m’élève cependant ces doutes que je prends la liberté de Vous communiquer avec toute la franchise qu’exige la discussion sur des objéts scientifiques, que pour Vous encourager à poursuivre la route que Vous avez si bien frayée, et à voir, |17| si peut-être il ne seroit pas possible d’éviter, ou de diminuer les inconvéniens dont je viens de parler. Car il est hors de tout doute que le but auquel Vous visez, est de la plus haute importance.

Je ne me flatte point qu’il soit possible de beaucoup rendre le systême que Vous avez présenté beaucoup meilleur que Vous ne l’avez donné. Il me paroit très-ingénieux, & comme pour l’améliorer il faudroit à la fois simplifier & multiplier les signes, je doute que cela puisse se faire. A l’exception de quelques points que je prendrai la liberté d’indiquer plus bas, il me semble que Vous avez parfaitement bien réussi à atteindre ce à quoi il est possible de parvenir. S’il y a des imperfections & des inconvéniens, ell ils se trouvent dans la nature de l’objét & non pas dans Votre travail.

Même malgré ces inconvéniens je crois que si Vous Vous bornez à Vous servir de Vos nouveaux signes partout là où Vous êtes à portée de leur comparer les sons mêmes, Vous en retirerez la plus grande utilité, & Vous rendrez en même tems un grand service aux étrangers, et l’un & l’autre sans courir des risques. Car Vous ne manquerez pas d’indiquer en même tems toujours à quel son de quel mot Anglois Vous comparez le son que Vous présentez avec la lettre que Vous substituez à celle usitée en Anglois. Il ne pourra donc pas y avoir d’inexactitude, & comme précisement la langue Angloise à côté de tant de beautés & d’avantages a l’inconvénient d’exprimer |soit| différens sons par une même lettre, et le même |son| par différentes |lettres|, Votre méthode est plus nécessaire là ou ce sont des Anglois qui rendent compte des langues Indiennes.

Mais je ne Vous conseillerois jamais de vouloir traduire dans Vos nouvelles lettres ce qui se trouve consigné dans d’autres livres de sons que Vous n’êtes point à même d’entendre, & qui ont été recueillis par des personnes d’autres Nations. Vous direz que pour lors l’Orthographe ne devient pas uniforme; mais voilà proprement la seule, mais |18| grande objection que je voudrois faire à Votre travail que l’uniformité que Vous demandez, ne peut pas être obtenû |sic| encore dans l’étât où se trouve l’étude des langues Américaines dans ce moment, & qu’elle ne le pourra peut-être jamais. Pour l’obtenir et pourtant éviter de graves erreurs en confondant un son avec d’autres, il faudroit que des personnes, munies de Votre systeme, allassent de nation a nation pour vérifier les sons de toutes les langues.

Je me suis sérieusement demandé, si je pourrois adopter Votre systême <généralement> dans l’ouvrage que je prépare. Je le désirerois infiniment. Car sans cela il me faudra ajouter à chaque mot, s’il doit être prononcé à l’Espagnole cet. et je ne pourrai même pas réunir dans un même dictionnaire les mots écrits d’après différens systemes. Mais je ne vois néanmoins pas de possibilité de réduire les sons des vocabulaires Espagnols & Portugois à ce systeme sans m’exposer à beaucoup d’erreurs. Il est vrai que la véritable prononciation reste aussi jusqu’à un certain point douteux, si je me sers de l’Orthographe de ces Auteurs, mais le mot est pourtant alors reconnoissable par son Orthographe, ou bien que je le dénaturerois entièrement en l’écrivant d’une autre manière, sans être sûr de lui rendre par là sa véritable prononciation. Il y a même des cas, où il est impossible de décider quelle prononciation les auteurs ont voulû indiquer. Je ne Vous en citerai qu’un exemple. La lettre x se trouve très-souvent dans la langue Mexicaine. Aucun Grammairien ne dit de quelle manière il faut la prononcer, quoique la langue Espagnole ait deux prononciations entièrement opposées. Un seul nous donne à connoître que la prononciation Mexicaine de cette lettre diffère de ces deux prononciations. Enfin je suis parvenû à me procurer des éclaircissemens sur ce point par un Mexicain même, qui me mande que le son de l’x est entre le ch François & le ss Italien. Or comment avant de posséder cette notice, au-|19|rois-je pû classer ce son? & comment le noterois-je encore àprésent? Ne vaut il pas mieux de lui laisser le x & de dire simplement, de quelle manière il doit être prononcé?

Je ne sai |sic| même s’il seroit permis de changer l’orthographe de langues qui, ainsi que la Mexicaine & la Péruvienne, quoique peu civilisées, ont pourtant été écrites depuis le tems de la Conquête. Car il existe des la manuscrits dans ces deux langues & probablement qu’on y écrit encore des lettres, des comptes cet. ainsi que c’est le cas pour le Basque. Nous n’altérons jamais l’orthographe des noms ou mots Anglois, Vous en agissez de même pour nos noms & nos mots. Là donc où dans le pais même, ou par les écrits des Missionnaires il s’est établi depuis des siecles une certaine orthographe il me sembleroit hasarde de la changer. Au moins ne pourroit-on le faire qu’avec pleine connoissance de cause, c’est à dire en ayant entendû soi même les sons mêmes de la langue.

Je vois aussi que Vous avez restreint uniquement Votre travail aux langues de l’Amérique Septentrionale, & je suppose que Vous n’avez pas voulû y comprendre celles de la Nouvelle Espagne, quoique nous ayons l’habitude de nommer Amérique Septentrionale tous les pais jusque au détroit de Panama. En ne parlant que de ces langues Vous êtes à même de juger de leur prononciation actuelle, e& Vous n’avez à faire qu’à des auteurs Anglois. Votre Orthographe uniforme pourra donc être appliquée à ces langues avec un succès complet.

Je me permettrai àprésent de Vous faire quelques observations isolées. ad p. 6 nt. le c devant a, o, u se prononce en Allemand entièrement comme un k, & l’oreille la plus délicate ne sauroit y découvrir une différence. ad p. 12. Je ne sai |sic| s’il seroit bon de se servir du w pour désigner l’u long. Le w est usité dans plusieurs langues comme consonne, et cela produiroit toujours quelque confusion. ad p. |20| 14. notre ä ne se prononce pas comme l’a en fate. Le son Anglois le plus approchant est celui de there. ad p. 21. le f manque à la vérité à un très-grand nombre de langues Américaines. Il existe cependant dans quelques unes. ad. p. 23. notre ch ne peut point, je crois, être rendû par kh qui me semble être un son tout à fait différent. Dans le kh le son du k doit toujours être sensible, dans notre ch on ne découvre pas la moindre trace d’un k. La différence me paroit être entre ces deux lettres, comme entre le φ & le f. Les Grecs avoient la première dans leur langue, & ne pouvoient pas prononcer la seconde. ad. p. 25. pour dénoter l mouillé il faudroit bien choisir un autre signe que Ly ou Li. Car s’il suivoit un autre i, lii, on seroit embarrassé de savoir, s’il falloit lire gli ou li-i. ad. p. 38. J’oserois encore Vous faire une objection contre Votre assertion que le son in among, but est un véritable o, et qu’il diffère principalement par sa quantité de l’autre o. Il me semble que c’est en même tems un son obscur, c’est à dire dans lequel on entend en même tems un e (d’après la dénomination Allemande) et que ce son répond exactement à notre ö lorsqu’il est court.

Mais j’abuse vraîment de Votre patience, Monsieur. Les détails dans lesquels j’ai pris la liberté d’entrer, Vous prouveront au moins combien je trouve plaisir à m’entretenir avec Vous, & combien il me sera précieux, si Vous voudrez bien me donner, aussi souvent & de la **** que Vous pourrez, de Vos nouvelles.

Mr. de Schladen dont Vous me demandez des nouvelles, a été en dernier lieu notre Ministre à Constantinople, et a été fait Comte par le Roi. Il est en congé en ce moment à Vienne, & aura probablement une autre déstination. Quoique je ne me trouve point en correspondance directe avec lui, je tâcherai de lui faire savoir de quelle manière obligeante Vous avez bien voulû Vous souvenir de lui. –

Permettez moi, Monsieur, de finir ici, & de Vous réitérer l’assurance de la considération la plus distinguée
avec laquelle j’ai l’honneur d’être,
Monsieur,
Votre très humble & très-obéissant serviteur,
Humboldt.
à Berlin, ce 12. Mars, 1822.

Anmerkungen

    1. a |Editor| Die Ziffern in doppelten geschwungenen Klammern stehen hier für von Humboldt gesetzten Suprascript-Ziffern zur Markierung der einzelnen Wortteile sowie deren wörtliche Übersetzung.

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    Quellen

    Handschrift
    • Grundlage der Edition: Boston, Public Library, MS q. 1900, No. 5, Courtesy of the Trustees of the Boston Public Library/Rare Books
    Druck
    • Mueller-Vollmer 1976, S. 279–291
    Nachweis
    • Mattson 1980, Nr. 7189

    In diesem Brief

    Werke
    Zitierhinweis

    Wilhelm von Humboldt an John Pickering, 12.03.1822. In: Wilhelm von Humboldt: Online-Edition der Sprachwissenschaftlichen Korrespondenz. Berlin. Version vom 15.03.2023. URL: https://wvh-briefe.bbaw.de/506

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