Jean-François Champollion le jeune an Wilhelm von Humboldt, 12.02.1825
Monsieur Le Baron,
Je ne sçais en quels termes Vous supplier de vouloir bien excuser le trop long retard que j’ai mis à répondre à l’interessant récit, que Vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, au mois de juin passé. Le flatteur intérêt que Vous accordez aux Etudes Egyptiennes me faisait un devoir impérieux de satisfaire plus tôt aux différents questions sur lesquelles il Vous a plu de me consulter; mais les circonstances en ont autrement décidé. Lorsque cette Lettre parvint à Paris, j’étais déjà parti pour Turin, où je ne l’ai reçue que deux mois après; successivement entrainé et absorbé par les nouveaux sujets d’études que la magnifique collection Égyptienne acquise par S. M. le Roi de Sardaigne, me présentait chaque jour, le temps s’est écoulé sans que je pusse trouver le moment de Vous remercier, Monsieur, et des divers envois d’empreintes de la collection Minutoli, et surtout de la bonté si honorable pour moi, avec laquelle Vous avez pris la défense de ma doctrine Hiéroglyphique. J’ignore quel est à cet égard le sentiment des érudits de Votre patrie, mais il me suffit d’un suffrage tel que le Vôtre, pour être convaincu que mes longues recherches sur cette aride matière ne resteront pas tout-à-fait sans fruit pour la Science. Je vous prie donc d’agréer l’expression de la vive gratitude de l’Auteur pour ce que Votre Indulgence a bien voulu faire pour le Livre.
Je profiterai aussi du peu de jours qui me reste à passer dans cette capitale, pour répondre de mon mieux et autant que je pourrai le faire n’ayant point sous la main tous les matériaux que j’eusse voulu consulter, à la série des questions exposée |sic| dans Votre dernier écrit, en commençant par le nom de l’Égyptien à la momie duquel se rapporte le Manuscrit noté B.
Le soin préalable que Vous avez pris, Monsieur le Baron, de recueillir dans le
Papyrus entier toutes les variantes de ce nom propre, est en effet le seul moyen
de bien en assurer la lecture. C’est celui que je mets toujours en pratique, et
l’ennui que cette fastidieuse opération peut causer, se trouve bien souvent plus
que compensé par la découverte réelle de plusieurs caractères homophônes. Le nom propre en question nous apprend par
exemple que le signe
est un
simple homôphone de
et de
employés dans la transcription du même son et à la même place. Quoique l’extrême
rapport de formes existant entre ces trois signes, autorisât déjà à supposer
cette homophonie, nous en sommes à un point des études Égyptiennes où une
pareille certitude |2| n’est pas encore à dédaigner.
J’ai attribué, dans mon Précis du système
hiéroglyphique, la valeur ⲕ ou
ⲭ à l’hiéroglyphe
, linéaire
,
parceque je le trouvai d’abord dans un cartouche dessiné sur les temples de
Philée, employé à exprimer la consonne k dans le mot
, Ⲁⲟⲧⲕⲣⲧⲱⲣ. Un nouveau
monument a depuis confirmé cette valeur phonétique en m’offrant le nom du
Pharaon Néchao, le Ⲛⲉⲭⲁⲱ̀ ou le Ⲛⲉⲭⲱ̀ des auteurs
Grecs écrit
ⲛ-ⲕ-ⲟⲩ
ou ⲛ-ⲕ-ⲱ. De sorte que je ne conserve plus de doutes sur le son que le caractère
représente. Surtout où je le trouve employé, il m’est impossible de ne point lui
attribuer ce son, surtout dans les innombrables inscriptions funéraires soit
missils soit stèles où on le trouve employé dans des formules perpétuellement
reproduites: telle est par exemple celle-ci, que l’on rencontre aux noms propres
privés dans presque tous les basreliefs funéraires:
1. | 2. | 3. | 4. | 5. | 6. |
Supplions | Amon-Ra | Roi des Dieux | Seigneur du Ciel | qu’il donne | la vie heureuse |
7. | 8. | 9. | 10. | 11. |
à l’adorateur | à Osortasen (homme) | fils de | Hontèb | (femme). |
Il est évident, pour moi, que le 7ème groupe
souvent
écrit
,
, ou
même
ne peut
signifier comme Vous le pensez également, Monsieur, que l’Adorateur ou plutôt celui qui fait
l’offrande, ce qui nous ramène au copte ⲕⲁ, ⲕⲁⲁ, ⲕⲱ, placer, ponere. Je trouve en effet ce même groupe
perpétuellement tracé sur toutes les stèles funéraires, à la suite de
l’indication détaillée soit des offrandes, ainsi qu’il
suit:
une grande quantité (ϣⲟ mille,
beaucoup) de pains, une grande quantité de vin,
une grande quantité de bœufs, une grande quantité de oies et d’autres bien
purs... soit aussi à la suite des biens que les dévots Égyptiens
demandaient aux dieux, conformément à la formule habituelle par laquelle ils
espéraient obtenir de la Bonté céleste une maison
fournie de pain, de vin, de bœufs, d’oies, etc. etc.
passages dans lesquels le groupe
exprime
nécessairement des idées d’adoration ou d’offrande. Ce qui me fait pencher entier pour la
dernière de ces acceptions, c’est qu’un Manuscrit du Musée de Turin me présente
une peinture dans laquelle les offrandes faites au nom
du défunt, et qui consistent aussi en pains, vases de vin, bœufs, canards, etc. sont placées sur un autel justement dans
l’intervalle des deux bras réunis qui
forment
le caractère en question.
Il me semble bien difficile, en conséquence, de trouver un meilleur commentaire pour l’explication |3| de ce signe
hiéroglyphique. Dans tous les cas, le sens du groupe
nous fût-il totalement inconnu, il reste toujours certain que
pris phonétiquement son premier signe répond aux consonnes ⲕ ou ⲭ de l’alphabet
Copte-Grec. Les deux exemples cités précédemment suffisent pour l’établir.
J’avais également remarqué l’emploi du même groupe dans l’hiéroglyphe
dont
les groupes cités dans Votre lettre sous les n° (10.)
(7)
sont
des rédoublements, et le n° (9.)
une
simple abréviation. Je suis convaincu que ces divers groupes expriment soit un
nom de Région soit un nom de ville ou de grande habitation, puisqu’ils sont affectés des signes
déterminatifs
demeure ou
région. J’ai déjà recueilli en effet sur les monuments
de divers genres, les noms hiéroglyphiques d’un grand nombre de villes de l’Égypte et presque tous sont formés du
caractère
ou
(une
enceinte murée) renfermant le nom du dieu Éponyme de la cité; ainsi par exemple
Thèbes est toujours nommée: La demeure ou l’habitation d’Ammon et son nom est écrit: La Maison d’Ammon
ou bien
ou même
. Nous
trouvons le nom de Memphis dans l’inscription de
Rosette sous la forme
l’habitation de Phtha et je le rencontre ailleurs
ainsi figuré
. Enfin,
Monsieur, les noms propres des principales villes de l’Égypte que je crois avoir
reconnu d’une manière certaine, tels que
La Demeure d’Athyr (Tentyris)
La
demeure de Schmoun (Hermopolis
magna), l’
des
Arabes),
L’Habitation
ⲧⲟⲩ̅ (Apollonopolis
magna
Edfou)
L’Habitation d’Isis (Isidis oppidum),
L’habitation de Bouto (Létopolis près de Memphis),
L’habitation de Netphé (probablement l’Aphroditopolis
de l’Heptanomide), et une foule d’autres noms semblables que je me dispense de
citer pour ne point abuser de Votre patience, établissent assez clairement que
le groupe
est un
nom de Ville ou de Nome.
J’ajouterai même que l’extrême fréquence de ce groupe dans les inscriptions des
momies provenans de Memphis et dans les légendes des
basréliefs qui décorent les grottes voisines de cette ancienne capitale près de
Sakkâra et des Pyramides, me porte à croire que ce groupe est le nom d’un lieu
du Nome Memphite, ou d’une portion de Memphis, ou de sa Nécropole: dans cette dernière hypothèse, le sens du groupe, qui me
paraît signifier la Demeure ou le
Lieu des offrandes, trouverait une explication bien naturelle. La
liaison du nom de Phtha
avec ce
groupe, est une raison bien puissante pour le considérer comme le nom propre
d’un lieu dépendant de Memphis dont Phtha fut le Dieu Éponyme.
La présence seule des déterminatifs
ou
déciderait, en l’absence même du caractère
, que ce
groupe est un nom de lieu et je l’ai en effet observé sous la simple forme
dans
divers textes funéraires du musée de Turin. Cela ne m’a nullement surpris,
puisque je rencontre aussi sur les monuments dont les inscriptions ont dû être
tracées avec plus de soin, des noms propres de villes Égyptiennes tels que
Manlak (Philée),
Pselk (Pselcis en Nubie, aujourd’hui Dakké)
Sné (Latopolis),
Pschschati la ⲡϣϣⲁϯ
des Coptes et la Πρόσωπις des Grecs),
ϩⲣⲱⲙⲁ
Rome et
Psaï-Ptolémaïs (Le Ptolémaïs
de haute Egypte) etc. tracés en divers lieux avec l’omission totale du signe
ou
employé
assez ordinairement dans les groupes exprimant des noms de Villes.
Du reste, la portion du Rituel funéraire dans laquelle se trouve le groupe
,
contient |4| une grande quantité d’autres noms-propres de Régions ou de Demeures soit
célestes soit terrestres, puisque les noms des 42 juges ou
plutôt Jurés qui assistaient au jugement des morts
dans l’Amenti, selon la doctrine Égyptienne, y sont suivis du nom du lieu où chacune de ces divinités s’est plus
particulièrement manifestée (
ϩⲣⲧ ou ⲓⲣⲧ,
que je rapporte à la racine ⲓⲱⲣϩ, ⲉⲓⲱⲣϩ,
videre,
apparere, combinée avec le ⲧ exprimant l’expression réfléchie, comme ⲧⲱⲙⲧ
se fermer et ⲧⲟⲙ
fermer, soit à une racine perdue ⲓⲣ, ⲉⲓⲣ, ⲉⲓⲣⲉ
voir à laquelle a pu appartenir le mot Égyptien
ⲓⲣⲓ
œil, cité par Plutarque.) La
demeure dont notre groupe est le signe écrit y est désignée comme celle des
Jurés no. 10 et 34. Ce dernier, le dieu
, que
j’ai reconnu pour être l’Esculape Egyptien, Imouthès, est encore une divinité spécialement Memphite. Je la retrouve en effet représentée à la
suite de
Phtah son père et du
Boeuf Apis sur la plupart des stèles ou monuments
venant de Memphis. Je dirai enfin que le groupe constamment lié au nom de Phtah ne peut être ou un des noms hiéroglyphiques de
Memphis, demeure terrestre du Dieu, ou le nom de
l’une des Régions célestes auxquelles cette divinité était censée présider; tous
les rituels que j’ai étudiés portent les groupes
,
, que
Vous avez déjà notés ou bien les Groupes
,
et même
simplement
, La Région de Phtah, Le Lieu des
offrandes de Phtah, La Demeure où l’on adore
Phtah, que je trouve dans différents papyrus et dans la même division
du Rituel.
Quant au groupe
que je
traduis par demeure ou maison, parceque cette valeur m’est invinciblement démontrée par une
foule d’exemples, je considère le signe
comme
un article féminin; et, si j’ai donné le nom de figuratif au caractère
qui représente le plan d’une enceinte avec son ouverture ou
porte, ce n’est que conditionnellement (Système hiéroglyphique, pag. 277.) Ayant cru nécessaire de
la distinguer des véritables caractères figuratifs
ainsi que tous ceux qui expriment des Édifices, je n’ai trouvé de meilleure
appellation à leur appliquer que celle |sic|
figuratifs par convention (pag.
278), tout en avouant que l’expression manque de justesse jusques à
un certain point.
J’ai attribué jusques à présent la prononciation ⲱⲥ au groupe
qui est
l’initiale d’un très-grand nombre de formules et que je le considère comme
l’orthographe hiéroglyphique répondant au verbe copte ϩⲱⲥ, Hôs,
laudare,
celebrare. L’absence de l’aspiration
ϩ ne peut être une objection, puisqu’il me
paraît que les anciens Égyptiens n’ont que fort rarement noté cette aspiration
surtout au commencement des mots. Nous en avons un exemple dans la perpétuelle
préposition ϩⲙ
dans, exprimée simplement par ⲙ (m),
,
ou
dans
tous les textes hiéroglyphiques. J’ajoute aussi, puisque je parle de cette préposition, que dans beaucoup de manuscrits
funéraires à la place du groupe
manifesté dans... je trouve le groupe
employé
comme synonyme constant du premier. C’est évidemment ϥⲙ̀, c’est-à-dire le copte
ϥϩⲙ̅
celle qui est dans...,
Ille qui est in... On trouve également
dans les textes coptes ⲥϩⲙ̅
celle qui est dans, ⲕϩⲙ̅
toi qui es dans, ⲉⲩϩⲙ̅
ceux qui sont dans. J’ai principalement observé
l’échange de ces deux groupes dans les Litanies des 42 juges de l’Amenti, que
Diodore appelle les assesseurs ou Parèdres d’Osiris, dans la déscription du tombeau d’Osymandias.
Le sens précis du groupe
qui
représente certainement deux bras humains étendus
m’est tout-à fait inconnu. Vous savez sans doute, Monsieur le Baron, que la
Commission d’Égypte veut y trouver le fléau de la Balance céleste et n’y voir
qu’un signe purement astronomique perpétué dans nos almanachs par une constante
tradition. J’avoue que |5| rien jusques ici ne m’a prouvé la justesse de
cette supposition qui peut provenir d’une ressemblance fortuite dans les
formes.
Je persiste toujours à croire que le signe
est une
voyelle longue soit ω soit ου mais je pense en même temps que ce caractère est
très-distinct des signes
Soleil et
Région, quoique je l’aye maintefois rencontré aussi,
tracé d’une façon très-négligée
et de
manière à être facilement confondu avec les deux autres. Je crois que les
scribes comptaient un peu sur la science préalable de leurs lecteurs, dans des
cas semblables à celui que présente le groupe cité sous le nr. 9 de Votre
lettre:
pour
.
L’Élément principal de ce groupe le mot
qui
reparaît comme Vous le faites observer, dans la Déscription
de l’Égypte, pl. 73, col. 37, dans la formule
peut fort bien y faire partie d’un mot composé
dont
les éléments peuvent être
faiseur d’offrande, adorateur,
dieu ou divin, et le signe
homme et n’être là comme je l’observe dans plusieurs
autres groupes, qu’un signe déterminatif, indiquant,
que le groupe précédent doit être pris comme adjectif
ou nom d’Agent, et ce titre pourrait appartenir soit
au prêtre chargé des offrandes divines, soit au Dieu
qui y présidait. Je ferai observer en faveur de ces hypothèses que la légende
des colonnes 38 à 31 de la même planche 73 se rapportent |sic| à la
peinture du Manuscrit dans laquelle on voit aussi une Enseigne surmontée des deux bras élevés
entre
lesquels sont placées des offrandes. Le
cité
colonnes 33 et 32 serait purement et simplement l’adorateur ou le faiseur d’offrandes. J’ai
enfin remarqué le signe
employé
comme simple élément phonétique dans le mot
placé
sur toutes les peintures des manuscrits représentant le Labourage. C’est certainement là le mot copte ⲥⲕⲉ, ⲥⲭⲁⲓ, ⲥⲕⲁⲓ, labourer: aussi le
groupe est-il suivi du caractère déterminatif: charrue
. La
première syllabe du nom-propre hiéroglyphique du défunt de Votre Mss. B.,
est
donc bien sûrement ⲕⲁ ou ⲕⲉ.
Le caractère
est un
signe de voyelle, ce qui explique pourquoi on le trouve omis si souvent
lorsqu’on collationne deux textes semblables Signe pour Signe.
Le troisième est un ⲣ̅ ou un ⲗ̅.
Quant au cinquième
des
comparaisons de textes m’ont appris depuis la publication de mon
Précis du système hiéroglyphique, que
ce signe est un homophone de l’oiseau
, lequel
est un P ou un PH et non un
ⲓ comme je l’avais cru d’abord. Je dirais
donc le nom entier du défunt ⲕⲁⲗⲁⲡⲉ ou
ⲕⲁⲗⲁⲫⲉ.
Le caractère final
, est le
signe de l’Espèce Homme, une image humaine ayant un bras étendu et l’autre appuyé
sur la hanche. Dans tous les textes que je puis avoir étudiés ce
caractère ne m’a jamais paru avoir d’autre sens que celui de Homme; je le crois toujours figuratif et jamais phonétique. Il n’a rien
de commun, ce me semble, avec
que je
crois un caractère de son.
Le caractère
ou
que
j’ai traduit aussi par ⲣⲱⲙⲉ, n’est comme le
précédent qu’un signe déterminatif des noms-propres d’individus mâles, mais il
est plus particulièrement employé à la suite des noms propres d’individus défunts. Il est tres-probable, comme Vous le pensez,
Monsieur le Baron, que le
fouet placé dans les mains de cette petite figure
comme dans celles de certaines divinités, doit modifier le sens du signe. Je crois que cet emblême se lie ayec le fouet, la charrue, le hoyau ou le sac de
semences que portent presque toutes les figurines funéraires en bois ou en terre émaillée.
Voulait-|6|on exprimer par-là que l’Individu appartenait à la caste
agricole? ou, ce qui est plus probable, l’agriculture étant le premier des arts
en Égypte, les lois religieuses voulaient-elles que tout individu se décorât de
ses instruments ou de ses emblèmes? Je ne le déciderai point: mais je ne croirai
point pour cela, comme on l’a voulu dire, que ce fouet ait été figuré dans la
main des défunts pour chasser les malins Esprits qui
voltigeaient autour de leur tombe. Quant à l’adoration des
défunts par leurs enfants, rien n’est plus certain et des milliers de
stèles en font foi. Je n’ai remarqué dans aucune d’elles que le défunt portât le
fouet à la main. Cet instrument est échangé en une
fleur de Lotus dans le signe d’espèce des noms
propres de femmes défuntes
, et un
bouquet de la même plante
tient
souvent la place de ce caractère lui-même. Nous trouvons au reste la fleur de
Lotus, placée sur la tête de toutes les momies de femmes-défuntes représentées dans les Papyrus peints. Vous trouverez un
exemple de l’emploi de
à la
place du caractère figuratif
ou
, dans
le Mssct. de la Commission d’Égypte à la suite du nom propre de la mère du
défunt
Pétamon,
dont
les éléments ⲛⲱⲥⲧⲃⲛⲧϫ me paraissent avoir du
se prononcer no ou ⲛⲟ- ou ⲛⲟⲩ-
Saté -Wentédj et peut-être
même Saté-Ouentédj. Je soupçonne que ce nom propre est
complexe et qu’il est formé de
véritable nom propre de la femme et d’un nom patronymique
dans
lequel le groupe
me
parait devoir être pris dans le sens ordinaire enfant,
mâle ou femelle: νο ou νου fille de Wentedj. Je
traduis toujours
par enfant, parceque ce groupe est employé dans les deux
genres, quoique j’aie trouvé plus souvent
après
les noms féminins et simplement
après
les noms propres masculins; mais je n’ai jamais rencontré
que
devant les noms féminins. Je n’ose décider encore,
quoique la valeur de ces groupes soit parfaitement connue, on |sic| si
ainsi
pris dans les deux genres (et le
étant
considéré comme radicale, ne pouvant être article féminin devant un nom propre
masculin), doit être rapporté à la racine copte
ⲥⲁⲧ, ⲥⲁⲧⲉ, Seminare, Semen; si
(le
2e caractère considéré comme article) est ou
n’est point un groupe simplement homophone de
, ou
,
,
,
ⲥⲉⲧ ou ⲧⲥⲉ fille; mais je suis presque persuadé que
et
sont
les formes hiéroglyphiques de l’hiératique
, et
,
ⲥⲉⲛ ou ⲧⲥⲉⲛ, formative des noms patronymiques Égyptiens, lesquels dans
les textes correspondants en Grec commencent toujours
par la syllabe Ⲥⲉⲛ. Il se pourrait donc aussi
que le nom précité de la défunte se prononçât No-tsen-wentedj, le signe de rapport
étant
omis ici comme dans une infinité d’autres cas.
Le nom propre de la défunte de Votre Mssct A, si je vois bien la transscription
que Vous avez la bonté de me communiquer, se compose des signes
: je
présume que ce sont ceux qui dans les Msscts plus soignés se forment de la
manière suivante
. Je
crois donc, s’il en est ainsi, que ce nom a se prononçait Toutoua ou Ⲧⲟⲧⲟⲁ, ayant souvent
trouvé le groupe
remplacé par
, et les
formes démotiques de ce même groupe composant un nom
propre transcrit Τοτόης dans le texte Grec du
même contrat.
Le nom du père est
. Le
premier signe,
, n’est
point la préposition de et ne dépend pas de
fille.
Il appartient au nom propre même qui est formé comme ceux que je trouve ailleurs
de Natsiamoun, Natsiphtha, Natsiési, Natsiosor, du mot
souvent
écrit |7|
et d’un
nom de divinité. Le nom divin qui termine le nom propre dont il s’agit ici est
celui d’Ammon Générateur, nom
symbolique que je trouve indifféremment écrit
ou
ou même
, sur
les basreliefs ou dans les textes relatifs à cette grande divinité que les Grecs
ont appellée Mendes et assimilée à leur Pan ou Priape. Une figurine
du Musée de Turin m’a présenté ce caractère symbolique
accompagné de sa prononciation phonétique
Mantou ou Mandou. Je crois
donc que le nom propre sus-dit peut être prononcé Natsi-Mandou.
Les signes
qui
précèdent ce nom propre sont en effet, comme Vous le dites fort bien, Monsieur
le Baron, une qualification de l’individu. Je les trouve dans un même Manuscrit,
dans une même stèle, ou sur une même momie, échangés fréquemment avec les
groupes
,
,
et
d’où
j’ai conclu avec toute certitude que c’était une des nombreuses manières
d’exprimer le titre prêtre ⲟⲩⲏⲃ dans
l’écriture hiéroglyphique. Ainsi la série des signes
de Votre Manuscrit signifie sans aucun doute ⲟⲩⲏⲃ ⲛ̀ ⲁⲙⲟⲩⲛ, Le prêtre d’Ammon. J’ai receuilli à
Turin une foule de titres semblables relatifs à des prêtres d’un grand nombre de
divinités. Le dernier signe de Votre nr. 62
n’est
que la couronne
tracée
d’une manière très négligée. Je la trouve ainsi et même
dans plusieurs textes hiéroglyphiques d’une mauvaise
écriture.
Le nom de la femme de ce prêtre
présente un caractère dont le son m’est encore inconnu; le reste se lit sans
difficultéⲧⲁⲱ-ⲃⲁ. C’est un nom formé comme
la grande masse des noms propres Égyptiens de femme du démonstratif possessif
ⲧⲁ ou ⲑⲁ
et d’un nom ou épithète propre à une divinité. Vous remarquerez que je m’etais
trompé dans mon
Précis du système
hiéroglyphique sur la valeur du signe
et
; je les
croyais représentatifs de la consonne ⲕ: je me
suis convaincu depuis qu’ils tiennent lieu de la voyelle ⲁ des Coptes.
Je passe, Monsieur, au caractère
qui
fait partie du nom propre de la mère du défunt du Msscrit B. J’ai reconnu depuis
longtemps, et avant que j’eusse l’occasion de m’entretenir au sujet de cet
hiéroglyphe avec le Dr. Young à son passage à Paris, la signification Épouse qu’il faut lui attribuer. Elle résulta pour moi
de la comparaison des légendes hiéroglyphiques des Rois et des Reines Lagides.
J’ai depuis trouvé la pleine confirmation de cette traduction dans les stèles et
dans les contrats soit démotiques soit hiératiques. Je n’ose décider encore si
ce signe
,
,
est ou
symbolique ou phonétique et si dans ce dernier cas
il n’est pas l’initiale caractéristique du mot ϩⲓⲙⲉ ou ⲥϩⲓⲙⲉ. Ce qui me fait
pencher beaucoup pour cette dernière hypothèse, c’est que je rencontre
très-souvent dans les textes hiéroglyphiques où il peut être question d’Épouse ce même caractère accompagné des signes m et é ou a
,
,
,
comme
nous le trouvons aussi dans le nom propre en question. Mais je m’aperçois que
vous avez fait une observation pareille. Le signe
serait figuratif-determinatif.
Il n’est pas douteux que le groupe
de la
97. col. pl. 72. de la Déscription de l’Égypte, ne signifie Épouse, de même que dans le passage de votre Manuscrit B.
|8|
Mère de Pschakasé-Dieu Royale Épouse de Pa-lé<ré>-Hata-Dieu.
Je présume que cette série est tirée de la dernière partie de Votre Rituel
funéraire. Je la retrouve en effet dans le plus complet des Rituels de Turin, là
où il est question d’une de ces grandes Déesses de l’Égypte, l’une des divinités
spéciales de Memphis, la compagne de Phtha et la mère d’Esculape
. La
prononciation du nom de cette déesse
m’est
encore inconnue à cause du premier caractère. Le manuscrit que j’ai sous les
yeux porte:
et je n’y trouve de variante notable que dans le nom du Dieu que je lis Pale haka, qui n’est point divisé en deux parties,
offre le signe
au lieu
de
de
votre papyrus. A cette occasion je Vous inviterai, Monsieur le Baron, à examiner
avec quelque attention la légende qui dans Votre manuscrit suit immédiatement
celle de la déesse
. La
Vignette doit représenter Amon-ra-Générateur-Panthée, et ce même Dieu y est invoqué sous les noms très
extraordinaires, en voilà les principaux:
1° Phāl, Phar ou Pal;
2° Ioukaseph (Ioukasep) Dieu Seigneur de la
Région supérieure du Ciel.
3° Nātkl’eti;
4° Kās’eikā;
5° Alétikdse’tikā;
6° Tekeschāri ou Tekschari;
7° Létaséschākā ou Rétaséschākā;
8° Tenasi ou Tonasé;
9° Malkaté ou
Malkato;
10° Schālschātékāta.
|9| J’ai été frappé de la singularité de ces noms presque tous formés des mêmes élémens répétés, mais dans un ordre différent, lorsque je les ai remarqués pour la première fois. Et plus je les ai examinés, après m’être convaincu que ces noms étaient appliqués à la principale divinité de l’Égypte plus je m’attache à l’idée que ces mêmes noms ne tiennent pas radicalement à la langue Égyptienne proprement dite, dont le Copte est un débris peu défiguré par la succession des siècles. Vous remarquerez sans doute le soin avec lequel le scribe a marqué phonétiquement toutes les Voyelles dans la très-grande partie de ces noms.
Un second Manuscrit original que j’ai consulté, ne présente aucune sorte de Variante ni d’omission quelconque de voyelle; ce qui semble prouver que l’orthographe de ces noms divins était bien fixe et invariable. La raison ne serait-elle pas que ces appellations n’appartenant pas à la langue ordinaire, les Hiérogrammates les copiaient religieusement comme ils les trouvaient écrits |sic| dans les modèles d’après lesquels ils confectionnaient leurs Rituels funéraires? Serait-ce là des mots de cette Langue Sacrée différente de la langue commune, et dont l’existence en Égypte semble indiquée par certains passages des auteurs classiques? ou bien devons-nous y voir plusieurs de ces noms divins dont parle Jamblique, noms dont le sens était totalement inconnu aux Hiérophantes même les plus-instruits et qui cachaient selon cet auteur des Mystères infinis? Ces diverses hypothèses me semblent probables et je ne sais à laquelle m’arrêter. Je vous prierais, Monsieur le Baron, si ce n’est abuser de Votre temps que reclament des affaires d’une plus haute importance, de faire collationner ces noms avec ceux que doit renfermer Votre papyrus à la dernière légende. S’il était possible de faire cette comparaison sur plusieurs textes, cela serait plus profitable encore. Peut-être de nouveaux documents résulteraient de la Parallèle, nous trouverions nous à même de nous former quelques idées arrêtées sur ces mots, dont plusieurs semblent appartenir aux langues Sémitiques, et la plus grande partie offrir une analogie plus frappante avec les mots Sanskrits.
J’ajouterai relativement au caractère
, dont
les noms d’Amon-Ra nous ont un peu éloignés, que sa valeur, femme, épouse, est on ne peut plus évidente
lorsqu’on examine avec soin une dixaine de stèles funéraires. Quelques-unes
m’ont même offert ce signe en combinaison avec d’autres groupes connus; ainsi
les idées Beaupère (socer) et Belle-Mère
(socrus) sont exprimées par les signes
c’est-à-dire Le Père de son épouse, La Mère de son épouse, en parlant de |10|
l’individu défunt. Quant au groupe
(ⲥⲧⲛ̀ ϩⲓⲙⲉ) Royale
Épouse, c’est un composé l’Initiale = caractéristique du mot
comme les groupes
,
,
Royal fils, Royale fille, Royal Scribe, c. a. d. Prince, Princesse, et le Magistrat que les Grecs nommaient Βασιλικὸς γραμματεύς.
Le nom de la mère du défunt auquel se rapporte Votre manuscrit noté B.
me semble seul devoir être lu de deux manières et cela dans la double supposition
que le signe initial
soit
indépendant ou non des deux signes qui suivent.
1° En considérant
comme
l’initiale ca ractéristique isolée du groupe
(ϩⲙⲓ) femme, épouse, je lirais ce nom propre ϩⲓⲙⲉ-ϩⲙ-ⲁⲥⲣⲏ-ⲧⲟ et je le traduirais par Épouse dans le monde appellé As-ré. Que pouvait on
entendre par-là? Je l’ignore; mais le sens de certains noms propres Égyptiens
dont la signification m’est bien démontrée, est tellement extraordinaire et
empreint d’un Mysticisme si outré, que celui-ci ne me surprendrait
nullement.
2° En regardant
comme
Phonétique, il faudrait lire ϩⲙⲁⲥⲣⲏⲧⲟ. Mais j’avoue que la première hypothèse me
semble préférable.
Quant aux trois traits
qui
accompagnent le caractère
, je
pense qu’ils équivalent aux trois disques
ou
ou même
à
qui
suivent assez ordinairement ces deux lignes horizontales. Je trouve en effet
l’idée monde (
)
exprimée dans les textes sacrés par les figures
,
,
,
,
et
employées indifféremment.
Je n’ai jamais considéré le groupe ou plutôt le mot
comme répondant au mot Copte ⲕⲁϩ ou ⲕⲁϩⲓ, lequel est masculin comme Vous le remarquez en effet, Monsieur le
Baron, considéré phonétiquement
me
paraîtrait répondre à ⲕⲟⲧ ou ⲕⲧⲟ, cercle, zône.
J’ajouterai à cette occasion que dans la formule
j’ai eu tort de regarder le caractère
comme faisant partie du groupe exprimant l’idée Égypte. J’ai reconnu depuis que c’est simplement le
pronom de 2e personne |11| singulier
masculin, et qu’il faut traduire cette série par Roi-vengeur de l’Égypte ou plutôt toi vengeur de
ton pays en regardant
comme
affixe au groupe
Égypte pays. Je trouve en effet
lorsqu’il s’agit d’une Déesse et
lorsqu’il s’agit de plusieurs Dieux. La valeur des pronoms affixes
hiéroglyphiques
,
,
ou
,
et
ou
m’est complétement démontrée et je ne conserve aucun doute à leur égard.
Le caractère
qu’on
peut facilement confondre avec
dans
les textes hiéroglyphiques linéaires peu soignés n’a rien de commun avec ce
dernier.
est la
forme linéaire de
lequel
peint en Rouge, exprime l’idée Sol, terrein, comme j’en ai acquis la
conviction. Cela m’a expliqué pourquoi je trouvais ce caractère employé comme
déterminatif à la fin de groupes qui me paraissent devoir en effet représenter
des noms de lieux.
Il a été impossible jusqu’ici à Turin, de se
procurer l’ouvrage du général Minutoli et je Vous remercie,
Monsieur le Baron, du croquis du Cartouche Royal copié à Aschmouneïn. L’emploi surabondant des signes
pour exprimer la simple voyelle ⲓ ne me surprend nullement, ayant déjà noté une foule d’exemples
semblables dans plusieurs cartouches de noms propres de Rois Lagides et
d’Empereurs Romains. Il est certain que les monuments Égyptiens présentent une
étrange confusion dans la notation des voyelles, mais cela ne saurait Vous
arrêter dans la lecture du cartouche en question dont les éléments sont
d’ailleurs si clairs:
ⲡϩ-ⲓ-ⲗ-ⲓ-ⲡⲟⲥ
Vos apperçus sur le cartouche
sont
infiniment justes: c’est en effet la légende originale d’Osiris considéré comme Dynaste. J’ai
retrouvé parmi les Stèles du Musée de Turin, un tableau peint représentant dans
des cartouches les noms de toute la famille d’Osiris, Isis, Horus, Anubis et Nephthys; et celui du Chef est précisément le même
cartouche qui attire Votre attention dans les Papyrus funéraires. Je crois comme
Vous qu’il exprime simplement l’idée Dieu très-bienfaisant; car, Monsieur le Baron, le sens du
caractère
est
parfaitement démontré et je trouve le groupe
ou
dans
presque tous les passages du texte hiéroglyphique de Rosette, où, répondant aux
lignes du texte Grec où sont exprimées les idées Paraître, |12|
se montrer, être patent, être connu. Et le Bienfaiteur de l’Égypte, Osiris,
pouvait être convenablement désigné par le titre de Dieu qui se montre Bon,
Gracieux ou Bienfaisant.
L’animal premier signe de ce cartouche examiné sur les monuments qui l’offrent en
Grand, présente beaucoup plus d’analogie que le signe linéaire
, avec
une certaine espèce de Lièvre ou de Lapin, il est ainsi formé
et toujours peint de couleur rougeâtre. C’est probablement une Espèce de Quadrupède particulière à l’Égypte; il me paraît sûr néanmoins que c’est là l’animal désigné sous le nom Grec du Lièvre Λαγώς dans le texte d’Horapollon, où on lit que cet animal était le signe de tout ce qui est ouvert; or, je le trouve employé à exprimer les idées paraître, être patent dans les textes Égyptiens à l’analogie des racines ⲟⲩⲱⲛ, aperire, ouvrir, enseigner et ⲥⲟⲩⲱⲛ, ⲥⲱⲟⲩⲛ, connaître et ouvrir, montrer, et trop marqué dans les restes de la langue Égyptienne, pour ne point reconnaître l’identité de l’animal appelé Lièvre par Horapollon avec celui qui est le signe des idées: être patent, être ouvert, être permis dans les textes hiéroglyphiques.
Le groupe
que je
trouve aussi dans le cartouche d’Osiris ne me paraît nullement altérer le sens.
Je regarde en effet ces signes
comme
une simple modification grammaticale ajoutée au signe d’idée
bonus,
beneficus. Je suis
seulement encore à décider si ce groupe
répond
aux mots ⲣⲉϥⲛⲁⲛⲉ, ⲣⲉϥⲣ̅ⲛⲁⲛⲩϥ, ou au mot ⲛⲟϥⲣⲉ,
utile, bon, chose utile, Bienfait, car
ce dernier mot paraît avoir pour primitif la racine Égyptienne ⲛⲟϥⲣ, ⲛⲟϥⲣⲉ,
ⲛⲟϥⲣⲓ
Bonus,
Bonum. Le même groupe est
employé comme nom dans le passage de votre Manuscrit A, sect. I, col. 74., sous n. 44. c.
les Bienfaits. Il est adjectif dans
le n. 43.
Bienfaisante et se rapporte soit à une défunte, soit à
la déesse directrice de la Région inférieure du Ciel
dont l’emblème précède immédiatement le groupe: ce serait alors un titre de la
déesse Athyr désignée soit par son nom spécial
ϩⲁⲑⲟⲣ
La demeure mondaine d’Horus, soit par le nom même |13| hiéroglyphique de la Région inférieur du
Ciel
dont le
groupe cité à la suite de Votre lettre n’est qu’un simple développement accru de
l’Épervier,
oiseau commun à Hathôr qui le porte souvent sur sa tête et au Dieu son époux Phtha Socari ou Phtha Sacri, divinité à tête
d’Épervier, qualifié sur les Papyrus funéraires de Taureau
de la Région Inférieure, dans cette prière que Vous devez retrouver sur
Vos manuscrits (vers la fin):
Je supplie toi, Taureau, de la Région Inférieure du Ciel, Seigneur éternel, Dieu-grand, du pays de Ⲁⲕⲣ, pour que tu reçoives avec toi l’Osirien (un tel). Le titre de Taureau désignait comme nous l’apprend Horapollon un maître fort avec tempérance, puissant avec modération; et j’ai trouvé parmi les titres de Horus celui de Taureau fils de Taureau et plus souvent encore celui de Veau fils de Veau. Il est évident que ces expressions doivent être prises dans un sens tout-à-fait symbolique.
Le groupe
nom de
la Région inférieure du Ciel (que vous retrouverez,
Monsieur le Baron, sur un des côtés du zodiaque circulaire de Dendérah, en
opposition au signe
symbole
de la Partie supérieure du Ciel) est formé: 1° de la
plume ou feuille
(qu’il
ne faut pas confondre avec le signe phonétique
). C’est
l’emblème de Saté (la Junon Égyptienne, Σάτης, Σάτις de l’inscription des cataractes) directrice
de l’Hémisphère Inférieur selon Horapollon, 2° du
groupe
qui
peut être
(ⲥⲧ) que je trouve comme nom de la Déesse
Saté
et
placé devant son image sur l’obélisque de St. Jean de Latran, mot évidemment en
liaison, comme le nom de la Déesse avec les racines ⲥⲁⲧ, ⲥⲉⲧ, ⲥⲏⲧ, ⲥⲁⲧⲉ,
abiectus,
deictus,
infimus,
inferior. Les
signes
sont
simplement déterminatifs d’espèce Pays, terre, sol,
terrain, espace, comme
je l’ai dit plus haut. Je suis entré dans |14| beaucoup de détails à
l’occasion de ce groupe
, dans
les dernières livraisons de mon Panthéon Égyptien,
ouvrage dans lequel je me suis simplement proposé de dégrossir nos idées sur le
matériel du culte Égyptien. J’y établis la distinction à faire entre le signe
de la
Région inférieure céleste et celui de la Région inférieure terrestre
et ses
variantes.
J’eusse désiré, Monsieur le Baron, que le tems m’eût permis de repondre plus en détail aux diverses questions renfermées dans Votre lettre; il m’eût été encore plus agréable d’être à même d’éclaircir tous Vos doutes et décider avec certitude toutes les difficultés, mais ma science hiéroglyphique n’en est point encore là, elle est assez avancée seulement pour entrevoir l’espace immense qui lui reste à franchir avant de marcher sans aucun obstacle dans le grand Labyrinthe de l’Écriture Sacrée. Je vois la route qu’il faut suivre, je sais les moyens qui restent à employer pour avancer à pas certains sur ce terrain si neuf et si riche, mais j’ignore si le zèle d’un seul homme et sa vie entière peuvent suffire pour une si vaste entreprise. Quoi qu’il puisse arriver, je continue mes recherches et je cours après les monuments originaux, les seuls guides que nous puissions suivre, sans risquer d’être retardés, comme je l’ai été pendant dix ans, par les Inscriptions inexactes gravées dans le grand ouvrage de la Commission d’Égypte. J’ose attendre de Votre zèle pour la Science, Monsieur le Baron, que Vous hâterez de toute Votre influence la publication des monuments Égyptiens acquis par S. M. le Roi de Prusse et rapportés par le Général Minutoli, ce serait un beau présent à faire à l’archéologie. Publie-t-on en Allemagne les travaux de M. Spohn si pompeusement annoncés par la Gazette de Nuremberg?[a] J’avoue que je serais ravi d’y trouver comme on ne craignait point de le dire, la traduction complette de 32 manuscrits Égyptiens. Cela pourrait nous éviter beaucoup de sueurs et de fatigues.
J’espère que M. de Truchsès dont on annonce la prochaine arrivée dans cette capitale, voudra bien se charger de Vous faire parvenir cette lettre; et si, pardonnant à ma coupable lenteur, Vous vouliez bien encore, Monsieur le Baron, perdre quelques instants avec moi, Vos lettres m’arriveront facilement en me les adressant à Turin sous le couvert de l’ambassadeur de France. Je compte être de retour ici vers la fin de Juillet: si je Vous ~ pouvais (Vous) être agréable en quelque chose, pendant mon séjour |15| à Naples, Rome et Florence, disposez de moi sans réserve.
|In Champollions Handschrift:| Je terminerai ma lettre, en réclamant toute votre indulgence, pour la diffusion et les negligences dont elle abonde; je regrette que le temps ne m’ait point permis d’entrer dans une infinité de détails qui eussent pu vous intéresser peut être; mais j’ai pu a <grand> peine trouver le moment d’écrire l’indigeste bavardage que je suis honteux de vous adresser: En Vous suppliant d’agréer mes excuses je vous prie de recevoir l’assurance des sentiments de gratitude et de respectueux dévouement avec lesquels j’ai l’honneur d’êtreMonsieur le Baron,
Votre tres humble et très obeissant Serviteur,
J.-F. Champollion lej.
Über diesen Brief
Quellen
In diesem Brief
- Champollion, Jean-François (1823): Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l’ancienne Égypte, d’après les monuments, Paris: Firmin Didot Père et Fils
- Champollion, Jean-François (1824): Précis du système hieroglyphique des anciens Égyptiens, T. 1–2, Paris: Imprimérie royale
- Jomard, Edme François (Hrsg.) (1809–1828): Description de l’Égypte ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’Armée Française publié par les ordres de Sa Majesté l’empéreur Napoléon le Grand, 20 Bände, Paris: L’Imprimérie Impériale
- Minutoli, Heinrich Freiherr von (1824): Reise zum Tempel des Jupiter Ammon in der Libyschen Wüste und nach Ober-Ägypten in den Jahren 1820 und 1821. Nach den Tagebüchern Sr. Excellenz herausgegeben und mit Beilagen begleitet von Dr. E. H. Toelken, Berlin: August Rücker
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