Wilhelm von Humboldt an Jean-Pierre Abel-Rémusat, 07.07.1827
J’ai reçu, il y a quelques jours, la lettre infiniment flatteuse, Monsieur, que Vous m’avez fait l’honneur de m’addresser en date du 5. du mois dernier[a]. Je ne saurois Vous exprimer ma vive et sincère reconnoissance des sentimens que Vous voulez bien m’y témoigner, sans Vous avouer en même tems que tout confus de l’idée beaucoup trop avantageuse que Vous avez conçue de mes études, je me trouve dans un vif embaras par rapport à la proposition également honorable et flatteuse que Vous avez la bonté de me faire. J’ai senti dès le principe que l’honneur que l’Académie des belles lettres a daigné me faire en m’aggrégeant au nombre de ses associés, m’imposoit outre l’obligation générale de justifier au moins en quelque façon son choix, aussi celle plus particulière de contribuer d’après mes foibles forces à ses travaux, et je serois jaloux surtout de paroître la première fois à l’Académie sous Vos auspices, Monsieur. Vous n’avez donc exprimé que mon propre vœu en me proposant de Vous envoyer avant la fin de l’année un mémoire pour l’Académie des belles lettres. Mais je vois de l’autre côté s’opposer de si grands obstacles à la réalisation de ce projet que je n’ose Vous en faire la promesse, mais que je me vois contraint au contraire de m’addresser à Votre in-|2*|dulgence, si mes efforts ne répondent pas à mon desir. Je me trouve depuis plusieurs années dans un cercle d’études duquel je n’oserois rien présenter à l’Académie qui a le droit de demander qu’on s’occupe dans son enceinte de la belle antiquité classique et non pas de <d’>idiomes barbares et étrangers à la belle littérature. Je suis engagé dans ce moment surtout dans des recherches qui occupent tout mon loisir. Car Vous verrez, Monsieur, par une lettre détaillée que je viens de Vous addresser par la voye de nos couriers avec une dissertation que je viens de publier, que je prépare un ouvrage sur les langues des isles du grand Océan. Mon desir de répondre à Votre attente, Monsieur, et d’avoir l’honneur de paroître sous Votre Présidence à l’Académie me feroit sans difficulté interrompre ce travail, mais je doute que dans la direction que mes études ont prise dans ce moment, je parvienne à un résultat de recherches digne d’être offert à une réunion de savans aussi eminemment distingué dans la science dont ils s’occupent. Ce qui ajoute à mon embaras c’est que je suis à la veille d’un voyage aux bains de Gastein dans le païs de Salzbourg qui m’arrêtera 8 à 10 semaines, et qui par là abrège le terme que me fixe la durée de Votre présidence, Monsieur. Mais tout en n’osant rien promettre, je Vous prie de croire que je m’occuperai sérieusement de l’idée d’un semblable travail, je Vous demande seulement en grace de m’excuser si je ne parviens pas à l’exécuter. Veuillez dans ce cas m’excuser également auprès de |3*| Mr. Hase que je remercie infiniment de l’intérêt flatteur qu’il veut bien prendre à mes travaux. Mon frère que j’ai le bonheur de posséder près de moi, me charge de Vous présenter ses hommages affectueux. Il vient de lire à notre Académie un mémoire sur les causes de la répartition de la chaleur sur le globe qui répand vraîment un nouveau jour sur cette question. Je viens d’envoyer à Mr. Burnouf fils quelques pages qui pourront donner, si Vous voudrez bien le permettre, matière à un article dans le Journal Asiatique.
Je saisis avec empressement, Monsieur, cette occasion pour Vous réitérer l’assurance de mon dévouement sincère et de ma plus haute considération.Humboldt
à Tegel près de Berlin, ce 7. Juillet, 1827.
|4, Anschrift|
A Monsieur
Monsieur Abel-Rémusat,
Membre de l’Institut de France cet. cet.
à
Paris.
|Zwei Poststempel: „Berlin 8. Juli“ und „Juilliet 16 1827“|
Über diesen Brief
Quellen
In diesem Brief
- Humboldt, Alexander von (1830): Ueber die Hauptursachen der Temperaturverschiedenheit auf dem Erdkörper. Gelesen in der Akademie der Wissenschaften am 3. Juli 1827. In: Abhandlungen der Königlich Preussischen Akademie der Wissenschaften in Berlin. Aus dem Jahre 1827, S. 295–316
- Humboldt, Wilhelm von (1827): Mémoire sur la séparation des mots dans les textes samscrits. In: Journal Asiatique 11, S. 163–172
- Humboldt, Wilhelm von (1836): Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java, nebst einer Einleitung über die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaues und ihren Einfluss auf die geistige Entwicklung des Menschengeschlechts. In: Abhandlungen der Königlichen Preußischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin aus dem Jahre 1832, Zweiter Theil
Zitierhinweis
Dieses Dokument als TEI-XML herunterladen Frühere Version des Dokuments in der archivierten Webansicht ansehenDownload
Versionsgeschichte