Wilhelm von Humboldt an José María de Murga y la Barrera, 13.10.1803<idno type="BBAW">596</idno> Wilhelm von Humboldt: Online-Edition der sprachwissenschaftlichen Korrespondenz Frank Zimmer Editor Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften (BBAW) Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0) Ehem. Torre-Vidarte, D. José Maria Murga y Arana Grundlage der Edition: Gárate 1934, S. 629–632 Mattson 943 Aguirre Zuazo y del Corral, Ortuño María de, 4. Marqués de Montehermoso Astarloa y Aguirre, Pedro Pablo de Friedrich Wilhelm III., König von Preußen Humboldt, Wilhelm von (Sohn von Wilhelm u. Caroline) Iturriaga y Emparán, Agustín de Mazarredo, Lope García de Mugartegui y Elio, Javiera Urdaibay y Hurtado de Mendoza, Maria Josefa Irene de Astarloa y Aguirre, Pablo Pedro de (1803): Apologia de la lengua Bascongada ò ensayo critico filosofico de su perfeccion y antiguedad, Madrid: Ortega Harriet, Martin de (1741): Grammatica escuaraz eta francesez, Bayonne: Impr. de Fauvet Humboldt, Wilhelm von (1817): Berichtigungen und Zusätze zum ersten Abschnitt des zweyten Bandes des Mithridates über die Cantabrische oder Baskische Sprache. In: Johann Christoph Adelung / Johann Severin Vater (1817): Mithridates oder allgemeine Sprachenkunde mit dem Vater Unser als Sprachprobe, Band 4, Berlin: Vossische Buchhandlung, S. 275–360; ebenso als Separatdruck, Berlin: Vossische Buchhandlung 1817 Humboldt, Wilhelm von (1821): Prüfung der Untersuchungen über die Urbewohner Hispaniens vermittelst der Vaskischen Sprache, Berlin: Ferdinand Dümmler. – Vgl. GS IV, S. 57–232 Larramendi, Manuel de (1729): El impossible vencido. Arte de la Lengua Bascongada, Salamanca: A. J. Villargordo Alcaráz Monsieur, Il y aura plus d’un an que notre correspondance a été interrompue … Humboldt, Wilhelm von Rom Murga y la Barrera, José Maria de Baskisch FZ 15. März 2021 in Bearbeitung
A. D. Joseph Maria Murga
à Rome, le 13 Octobre, 1803 Monsieur,

Il y aura plus d’un an que notre correspondance a été interrompue, mais les différens changements que j’ai éprouvés depuis, me serviront certainement d’excuse auprès de Vous et je n’ai certainement pas perdu de mémoire en attendant l’amitié dont Vous voulez bien m’honorer & les jours délicieux que j’ai passé à Bilbao avec Vous. Vous aurez appris par les gazettes, Monsieur, que le Roi m’a envoyé ici et que j’y suis chargé de ses affaires. Il y aura sous peu un an que je me trouve à Rome et j’ai tout lieu d’être très satisfait de ma situation. L’Italie et surtout cette capitale du monde ancien offrent tant d’objets intéressans qu’il y a pour longtems une ample matière à faire les études les plus assidues. Je me trouverais heureux sur ce point et sur tout autre, si malheureusement je n’avais pas été frappé, il y a deux mois, d’un coup trop cruel pour être jamais oublié.

Imaginez, mon cher et respectable ami, que je viens de perdre des suites d’une fièvre maligne mon fils aîné, un enfant de près de dix ans qui me fit concevoir les espérances les plus heureuses pour la suite. Je ne puis Vous exprimer, combien j’ai souffert et combien je souffre encore à présent par cette perte inattendue. Le petit garçon jouissait toujours jusqu’ici de la meilleure santé, il avait le naturel le plus heureux, je dirigeais moi même ses petites études, aimant le travail il avait fait les progrès les plus satisfaisants, et tout celà le tombeau me l’a ravi à présent. Mais je ne veux point attrister Votre sensibilité, mon digne ami. Vous avez fait Vous même il y a peu une perte également grande et ma douleur réouvrirait les playes de la Vôtre.

Mon voyage en Italie et les affaires qui me sont confiées dans mon poste m’ont empêché de travailler aussi assidûment que j’aurais voulu, à mon petit ouvrage sur les Basques et leur langueDas Basken-Werk wurde nicht fertiggestellt und erschien letztendlich nur in Teilen; siehe dazu unten. Als Erstes erschien 1812 die Ankündigung einer Schrift über die Vaskische Sprache und Nation, nebst Angabe des Gesichtspunctes und Inhalts derselben. Die in der zweiten Abteilung der Edition "Wilhelm von Humboldt: Schriften zur Sprachwissenschaft" erschienenen Bände (herausgegeben von Bernhard Hurch: Schriften zur Anthropologie der Basken, Baskische Wortstudien und Grammatik sowie der noch ausstehende dritte Band) rekonstruieren Humboldts Arbeiten zum Baskischen. [FZ]. Mais je ne l’ai pas perdu de vue un moment et les papiers et traductions que Vous, mon cher ami, avez eû la bonté de m’envoyer m’ont été d’une grande utilité. J’ai fait assez de progrès dans Votre idiome pour comprendre la plus grande partie des morceaux que Vous m’avez transmis mais néantmoins j’ai profité surtout de celui auquel Vous avez eû l’attention d’ajouter la traduction littérale. Les traductions des auteurs clasiques sont fort curieuses et mènent à bien de réflexionsSiehe dazu den Brief Murgas an Humboldt vom 24. September 1801. [FZ]. C’est peut être la première fois qu’on a essayé de lutter avec une langue peu cultivée entre celles qui l’ont été plus qu’aucunne autre jamais. La chose qui me fait toujours encore la plus grande difficulté est l’inflexion de la conjugaison Basque. Je trouve malgré les leçons du bon Astarloa et des deux GrammairesGemeint sind die beiden Grammatiken von Larramendi 1729 und Harriet 1741. [FZ] encore à tout moment une formule que je ne sais point expliquer. Je trouve aussi que ces mêmes inflexions seraient un grand obstacle si on voulait vraîment écrire élégamment dans la langue Basque. Car même elles ne disent que ce que signifient les auxiliaires dans d’autres langues et que néantmoins elles sont fort longues, elles embarrasseraient toujours le discours et le rendraient moins clair, moins facile et moins laconique. Je donnerai dans mon petit ouvrage une courte description de mes courses par Votre pays, j’ai un véritable besoin d’exprimer l’amour et l’attachement que j’ai encore pour lui et de témoigner à ses habitants la profonde impression qu’a laissé en moi l’accueil hospitalier et amical qu’ils m’ont fait. Je joindrai au voyage un abrégé de Grammaire, un petit Vocabulaire et une Mémoire sur l’origine de la nation Basque.

On m’écrit de Madrid que Mr. Astarloa à Durango a fait imprimer une apologie de sa langue. J’ai donné commision sur le champ qu’on me l’envoye ici. Mais comme je ne sais pas si c’est le même ouvrage que j’ai vu en manuscrit chez l’Auteur, je lui ai écrit pour le prier dans le cas contraire de me faire parvenir encore la copie de quelques chapitres de ce dernier. Car pour une partie je l’ai déjà reçu par ses bontés. Je prens la liberté d’inclure cette lettre au bon Astarloa à celle-ci et en même temps que je Vous prie d’excuser cette liberté, je Vous demande la faveur de la lui faire parvenir aussitôt que posible. La nouvelle guerre dans laquelle l’Europe se trouve enveloppée dans ce moment, parait menacer dans ce moment aussi Votre patrie. Quand verrons-nous enfin revenir la paix et la tranquilité?

Veuillez m’écrire bientôt, mon respectable ami, donnez-moi de Vos nouvelles, de celles de nos connaissances communes et communiquez-moi ce que peut-être il pourrait s’être passé d’intéressant chez Vous. J’ose encore Vous prier de présenter mes civilités à Mme. López de MazarredoDie Ehefrau von Lope de Mazarredo war Maria Josefa Irene de Urdaibay y Hurtado de Mendoza. et Vous suplie bien l’un et l’autre de me recommander à moi tous ceux de Vos compatriotes qui pourraient vouloir faire le voyage de Rome, comme de me charger de toutes les commissions que Vous pourriez avoir pour l’Italie. Que je serais ravi de pouvoir rendre au moins à quelqu’un de Vos amis une petite partie au moins de bontés multipliées dont Vous m’avez comblé. Comme il y a si longtems que je n’ai pas eu de Vos nouvelles et que je suis même incertain si Vous êtes encore à Bilbao, Monsieur, Vous m’obligeriez infiniment si Vous vouliez bien m’accuser la réception de ces lignes aussitôt que posible.

Je ne cesserai jamais d’être avec la considération la plus distinguée et l’attachement le plus sincère et le plus inviolable.Monsieur,Votretrès humble et très obéissantserviteur Humboldt.

A propos! Je suis incertain si le Député Général de Guipúzcoa a sa charge pour un an ou pour deux ans; veuillez me dire, mon bon ami, ce qui en est.

Veuillez aussi rappeler mon souvenir à Mr. le Marqués de Montehermoso à Vitoria et à Mr. et Mdme. d’Iturriaga.

Mon adresse est; A Mr. le Baron de Humboldt, Chambellan de S. M. le Roi de Prusse et Son Résident à la Cour de Rome, à Rome.