J’ai reçu il y a quelque tems par l’entremise de qu’elle renferme importante qu’elle donne sur
une des langues les plus remarquables, & les moins connues de l’Amérique
septentrionale. C’est un véritable service rendû à la science que d’avoir fait
précéder la publication de r ZeisbergerLenni Lenape, & le
mettront d’avantage en étât d’en faire une comparaison judicieuse avec les
autres langues du nouveau continent.
Occupé depuis plusieurs années de l’étude comparative des langues je puis
d’autant moins résister au desire de m’entretenir,
Monsieur,
Je crois qu’une
travail
Report
Mithridates
est
Je doute qu’
ce tracer en
Amérique
idiômes.
les observations sur ces l’examen de ces derniers, que
des traditions vagues pour guides, & manquant absolument de tout monument
littéraire, il faudra probablement se borner à des observations
partielles sur l’identité ou l’affinité de telles langues, ou le mêlange
de telles autres, sans parvenir à des résultats qu’on pourroit renoncer
à peu
à & à l’histoire du langage en général,
non pas des diverses langues particulières, nous voyons déjà àprésent que
la
plus
[plus]
Je m’applique à l’étude de ces idiômes surtout dans le but d’approfondir
d’avantage la nature du langage. La parole qui survit à
l’individû, & se transmet de nation à nation est pour ainsi dire une
puissance intermédiaire qui se place entre l’homme, & la nature; elle part
de lui, & est indépendante de l’individû, elle sert à expliquer sa pensée,
& la dirige & l’altère en même prennent leur ori en se liant constamment à
des sons déjà existans, prennent leur origine dans des rapports physiques,
matériels & souvent accidentels, une idee susceptible de tous les changemens
que la pensée peut y apporter ; n’ayant servi au commencement qu’à exprimer
[les besoins de [l’etat] l’homme dans l’étât [de nature] les besoins
physiques de peuplades incultes, elle finit, en passant de siècle en siècle, par
s’associer aux travaux les plus élevés de la raison & de l’imagination. La
science du langage doit l’étudier sous tous ces différens points de vue, &
suivre pr sa marche pendant cet immense trajèt. Elle
doit, en fixant constamment ses regards sur l’ensemble des lan
entre
langues lui o différentes langues lui offrent, &
les bornes qu’elles lui opposent.
Il ne faut point croire que l’étude de langues auxquelles on attache communément
le nom de barbares, soit étrangère à ces considérations [elev+] plus
elevées
y existe dans l’histoire
de chaque langue qui a pû atteindre son développe
perfectionnement entier un point bien visiblement marqué où sa structure
grammaticale & lexicale, qu’on pourroit nommer sur organisation physique
& extérieure, est terminé, & à partir duquel tous les progrès qu’elle
fait n’appartiennent plus qu’à son développement
rural
&
fait bien acquis
bien des
qui, quoique délicats &
moins perceptibles n’éch fuis & délicats depuis
Grammaire
en général, la charpente pour ainsi dire de son organisation existait évidemment
déjà du tems d’Homère, & bien avant lui.
L’
d’un de combinaisons réf artificielles. L’art qui y regar
existe évidemment appartient à la nature, à l’organisation de la raison
humaine l’esprit humain, & des organs de
la
& les nations
de l’homme lui-même. Car elles comment se lient, comme lui, à un
double ordre de choses, & la volonté de l’individu ne commence à influer
considérablement sur elleencore de l’étât de nature est
en conséquence
[vouloir] conseiller
de
Mais l’étude des langues entreprise dans ces vues ne permet guère qu’en se les propriétés epar les particularités
eparses de ces idiômes peu connûs, & à en comparer un nombre de mots pris
indifféremment, & sous l’analyse préalable toujours nécessaire
qui doit précéder chaque jugement porté en fait d’etymologie. Elle exige qu’on
se livre à la connoissance entière de chaque idiome en particulier, qu’en
recherche avec soin jusqu’aux moindres vestiges d’analogie grammaticale, ou
lexicale qu’il renferme, qu’on se pénêtre de cette manière bien de la
propriété de sa structure, & de son Vocabulaire, qu’on le juge dans son
ensemble, & qu’on ne passe, qu’après avoir achevé ce travail, à le comparer
a d’autres de la même origine, ou de la même classe. C’est de cette manière
lente, mais selon ma conviction imtime, plus sûre que je procède, je forme une
Grammaire de chaque langage particulier, j’examine son systême lexical, je tâche
de réunir les mots dans leurs familles naturelles, & je n’abondonne cette
occupation que lorsque je ne trouve plus de fils d’analogie à suivre, de
rapprochemens à faire.
Les observations générales ne peuvent être que le dernier résultat de ces travaux
préalables. Mais en la s’occupant de langues d’un même continent,
& en passant de l’une à l’autre d’après les rapports d’analogie qu’on y
découvre, le jugement commence à se généraliser sans qu’on le veuille, &
sans qu’on puisse l’empecher. On auroit même tort de ne pas admettre ces
apperçus plus généraux
des
il
est fug au moins fugitivement toute la masse des notions
que nous possédons sur ces langues en général.
C’est Sous ce rapport il me semble utile que ceux qui se livrent à ces
études trop étendues pour qu’un seul individû puisse se flatter d’en embrasser
toutes les parties avec un soin également scrupuleux se communiquent de tems en
tems leurs observations, & s’arrêtent dans leur marche pour recueillir les
résultats auxquels ils sont parvenus, & pour se faire part
des
r Heckewelderles
il me sem je desire les soumettre à
Votre jugement en tout qu’elles
peuvent